ENSEIGNEMENT SUPÉRIEUR
Entre l’enseignement des Yeshivot et celui de l’académisme standard, il est un défi constant dans les projets d’enseignements aux études juives, celui de l’interaction des richesses « immatérielles » patrimoniales du judaïsme avec les questions contemporaines, et celui de ne pas céder à la réduction positivisme, comme banalité du savoir standardisé. Celui de ne pas se couper d’un monde dont on ne peut pas tomber, et celui de ne pas livrer le « cadre civilisationnel » du judaïsme - selon l’expression du sociologue wébérien Shmuel Noah Eisenstadt -, au seul regard objectivant de la science et de son universalité. Une telle perspective peut prendre légitimement, dans le concert des identifications génériques, le nom d’« Humanités bibliques et juives ».
Sous ce nom d’ « Humanités », l’exploration des richesses séminales et fondamentales et la transmission des valeurs « humanisantes » bibliques deviennent les paramètres d’un enseignement qui ne déroge pas au critère de l’exigence intellectuelle, et qui met en axe central dans ses approches, non pas une « neutralité » problématique, mais une dynamique éthique qui soutient l’approfondissement de l’humain dans l’Homme, à travers les différents aspects de sa créativité sociale, mentale, cognitive, artistique. Ce qui pourrait porter, en transversale, le nom de Spiritualité.
Il s’agit dans l’esprit de l’enseignement supérieur et universitaire de l’AIU d’enseigner les « humanités bibliques et juives » en référence et en discussion avec les « humanités gréco-latines » de la tradition universitaire française et francophone, et au-delà : à travers le monde, selon une perspective qui ne cède pas au seul projet de la « connaissance du monde », porteuse d’une volonté de pouvoir totalisante. Une connaissance du monde qui a fait de l’objectivité scientifique le seul critère de connaissance, au moment même où l’exercice du pouvoir et l’action se sont calés sur le modèle instrumental de la technique, ouvrant la voie à une « chosification » généralisée et déshumanisante de l’Homme. C’est aussi pourquoi les matières enseignées, à l’identique des Humanities studies anglo-saxonnes, y portent principalement sur la Philosophie et l’Éthique (incluant la Psychanalyse), l’Herméneutique par l’étude des textes fondateurs du judaïsme, les Langues et la Philologie, l’Histoire, la Littérature, la Poésie, les Arts.
Dans la dialectique d’une alliance entre « héritage et modernité », entre « tradition et inventivité », contre la « sottise et la futilité » (Samson Raphaël Hirsch) et contre « la recherche exclusive de l’utilisable qui n’est au fond que barbarie » (Abraham Heschel), l’AIU dispose dorénavant, avec la perspective académique des « Humanités Juives » et leurs disciplines privilégiées,de deux institutions :
- L’Institut Européen Emmanuel Levinas sous la direction du philosophe Gérard Rabinovitch
- Le Collège des Études Juives - Beth Hamidrach sous la direction aujourd’hui du philosophe Armand Abécassis.