« Quand une stagiaire autrichienne rencontre une classe de seconde de Georges Leven… »
Anna Davogg, stagiaire autrichienne à la bibliothèque de l’AIU dans le cadre du service de la mémoire de février à avril 2015 a rencontré une classe de seconde du lycée Georges Leven. Son souhait était que cela ait lieu dans une école, nous nous sommes ainsi rendu Anna et moi dans l’établissement pour en discuter au préalable avec Nicole Sultan, directrice du CDI et enseignante de lettres au lycée. Il a été décidé que les élèves verraient le film « la vague » puis l’échange se ferait en cours d’histoire, avec Mme Sultan et Mr Karababas, enseignant d’histoire. Ce film « La Vague » (2008) par le réalisateur allemand Dennis Gansel est une libre interprétation de « la troisième vague », qui retrace l’étude expérimentale d’un régime autocratique menée par un prof d’histoire Ron Jones avec des élèves de première de l’école secondaire de Pablo Alto en Californie, début avril 1967. C’est d’une expérience similaire qu’il s’agit dans une classe de première d’un lycée allemand où un professeur d’histoire engagé veut faire réfléchir sa classe à partir de la notion de « régime autocratique », de façon extrême jusqu’à l’endoctrinement. La fin du film est d’ailleurs dramatique puisque certains élèves seront amenés à tuer en son nom.
Les lycéens ont été intéressés par cet échange. Quelle est la limite acceptable à toute forme de discipline extrême, voire à l’endoctrinement ?
Mr Karababas a alors très vite attiré l’attention des jeunes, sur la notion de sens critique qu’ils apprendront dans l’avenir à acquérir. Il les a aussi invités à réfléchir à différentes formes de rencontres et d’échanges, par le biais de séjours à l’étranger.
Mme Sultan a quant à elle, insisté sur le fait qu’il ne suffit pas de se prétendre antiraciste ou tolérant mais que cela doit se concrétiser par des ateliers ou activités en commun comme par exemple un club sportif entre Juifs et arabes.
L’orchestre West Eastern Divan Orchestra du chef Daniel Barenboïm a aussi été évoqué puisqu’il s’agit de musiciens juifs et arabes qui travaillent ensemble à des concerts à travers le monde.
Anna Davogg, que beaucoup de lycéens ont interrogée sur son engagement et son parcours, a ensuite expliqué que si elle a choisi ce stage de la mémoire c’est en grande partie grâce à certains de ses enseignants. En effet, ils l’ont fait réfléchir sur la période nazie et ont beaucoup insisté sur le fait de ne jamais oublier cette période sombre… Lorsqu’un des élèves a dit qu’il devrait d’abord se connaître lui-même avant de voyager à la rencontrer des autres, Anna Davogg lui a expliqué qu’elle se connait bien mieux maintenant qu’elle a effectué son stage à Paris !
Ainsi grâce aux enseignants qui ont bien su encadrer cette discussion de l’intérêt à l’autre porté par les élèves et bien sûr grâce à l’intervention d’Anna Davogg, ce fut un moment d’échanges intenses et riches en émotions.