Victor Abbou, acteur, enseignant en langue des signes, a présenté son autobiographie Une clé sur le monde (éditions Eyes)  devant un public conquis mixte, sourds et entendants.

L’Association des Sourds Juifs de France et la bibliothèque de l’AIU se sont unies pour proposer cette soirée très émouvante le 28 janvier. Pour la première fois, une de nos manifestation était accessible à un public sourd et entendant grâce à la présence d’interprètes en langue des signes.

Jean-Claude Kuperminc a introduit la soirée en rappelant qu’un des premiers hommes à s’intéresser à l’éducation des sourds en France était Jacob Rodrigue Péreire, un Juif portugais, revenu au judaïsme à son arrivée à Bordeaux au 18^e s. L’Alliance a une expérience également avec la création en 1932 de l’école des sourds-muets de Jérusalem, qui est toujours active aujourd’hui.

Le livre de Victor Abbou raconte le « réveil des sourds » qui s’est déroulé à partir de 1977 en France, auquel il a très largement participé. Avec les pionniers Jean Grémion et Alfredo Corrado, un petit groupe a redonné espoir, fierté et courage aux sourds qui jusque-là étaient infantilisés et réduits à une condition inférieure. C’est l’histoire d’une libération, d’une émancipation collective, qui est en fait très proche de l’action de l’AIU pour les Juifs d’Orient au 19^e s.

Avec beaucoup d’enthousiasme et d’humour, Victor Abbou a évoqué ce monde des explorateurs réunis dans un local du Château de Vincennes, dont la clé est toujours en sa possession ?. Cet objet symbolique est la clé sur le monde du titre du livre, une réelle ouverture et renaissance pour ces hommes et femmes qui n’avaient alors pas pu obtenir la maîtrise de leur propres vies.

Victor Abbou a été très heureux de ranger lui-même l’exemplaire de son livre dans les rayonnages de la section « Autobiographie » de la bibliothèque, aux côtés de livres sur Woody Allen, Léon Blum ou Stefan Zweig.

Une première expérience très réussie, qui nous donne envie de poursuivre cette expérience, et d’encourager les milieux juifs à laisser une place à nos amis sourds, qui sont capable set désireux de s’intégrer à tous les aspects de la vie culturelle et religieuse.

Il reste beaucoup à faire pour améliorer l’éducation des jeunes sourds, la promotion de la langue des signes pour tous, et nous serons présents pour aider à développer ces initiatives en coopération chaleureuse avec les Sourds juifs de France.