Poser les bases de la nouvelle année

Alors que les fêtes de Tichri approchent, nous entamons ce voyage spirituel par Roch Hachana, le Nouvel An du calendrier hébraïque.

Ces deux jours sont marqués par des rituels significatifs : le seder des soirées de fête, les prières, le son du shofar et le Tachlih', généralement effectué le premier après-midi.

À travers ces pratiques, nous exprimons nos aspirations, tant collectives qu'individuelles. Ce moment est particulièrement puissant, car nous espérons que ces deux jours de célébration nous apporteront des réponses favorables, déterminant ainsi les décrets divins annuels qui influenceront notre quotidien : la vie, la santé, la paix, ainsi que nos conditions de vie matérielles et spirituelles pour l'année à venir.

Mais pourquoi Roch Hachana ouvre-t-il ce mois sacré ? Pourquoi commencer par formuler des souhaits sans procéder d'abord à une évaluation de l'année écoulée ? Ces questions méritent réflexion.

Une Métaphore du Monde du Travail

Pour mieux comprendre, prenons une analogie avec le monde du travail. Imaginez un chef de projet présentant une nouvelle proposition à sa direction.Si son bilan annuel est positif, il peut aisément défendre son projet en s'appuyant sur ses succès passés. Mais si ce n'est pas le cas, il doit d'abord expliquer les circonstances particulières qui ont conduit à ses échecs, tirer les leçons nécessaires et proposer un projet plus sécurisé et mieux encadré.

Cependant, à Roch Hachana, il n'est jamais question de faire un bilan des actions passées. Nos prières et rituels ne contiennent aucune remise en question des échecs de l'année précédente. Nous demandons uniquement les outils nécessaires pour réaliser de nouveaux projets ou poursuivre ceux que nous jugeons importants.

Mais alors, pourquoi ne pas procéder d'abord à une évaluation avant de formuler des demandes pour l'avenir ?

La réponse se trouve peut-être dans le calendrier spirituel lui-même. Roch Hachana n'est pas conçu pour être un moment de bilan. Ce rôle est réservé à Yom Kippour, huit jours plus tard.

Une Vision Positive pour l’Avenir

Roch Hachana nous offre une opportunité unique : celle de nous projeter vers un idéal, de formuler des vœux et de demander les ressources nécessaires pour contribuer au projet divin. Contrairement à une approche commerciale axée sur la rentabilité, cette fête encourage une émulation intérieure, un désir de s'améliorer et d'apporter le meilleur de nous-mêmes au monde.

Cette projection positive nous permet de réaliser que nous possédons les capacités et les forces nécessaires pour accomplir nos ambitions.

Le choix de commencer l'année par Roch Hachana, plutôt que par Yom Kippour, n'est pas anodin. Il prépare l'humanité à un bilan qui ne doit pas être accablant, mais qui doit au contraire stimuler des ambitions positives.

Il s'agit de construire notre identité en puisant dans nos ressources intérieures, afin que nous puissions participer pleinement et de manière constructive au projet divin.

Emmanuel Cassar
Directeur des études juives à l'AIU