Dans le livre d'Esther
Dans le livre d'Esther, communément désigné sous le nom de Meguilat Esther, est narrée l'épopée du peuple juif résidant en Perse, sous le règne du roi Assuérus. Au cœur de ce récit, se trouvent Esther, une jeune femme juive élevée au rang de reine, et son oncle, Mordehaï.
Haman, éminent vizir du roi, animé par un désir implacable d'exterminer les Juifs, orchestre un complot sinistre.
Toutefois, grâce à l’intervention audacieuse d'Esther, qui se conforme aux sages directives de Mordehaï, et par l'éveil collectif du peuple, le cours de l'histoire est inversé : le complot est démantelé, et les Juifs, miraculeusement sauvés.
Les derniers chapitres de la Méguila, spécifiquement au chapitre 9, verset 22, énoncent avec solennité :
« Ces jours devraient être célébrés comme des jours de fête et d'allégresse, marqués par l'échange de présents et par des dons généreux aux nécessiteux. »
C'est ainsi que la Tsedaka, l'acte de charité envers les pauvres durant Pourim, se veut une manifestation de solidarité et de soutien aux plus vulnérables parmi nous.
Comment cette noble tradition de Tsedaka s'ancre-t-elle dans les événements de Pourim ?
Il est évident qu'un lien profond unit le récit de Pourim et le précepte de la Tsedaka.
Au sein de cette histoire, la délivrance des Juifs d'une menace imminente s'est accomplie grâce à une intervention divine cachée suscitée par les actes héroïques d'Esther et de Mordechaï, et par l'engagement résolu du peuple qui adhéra aux conseils de ces derniers.
Cette victoire est célébrée par notre peuple avec faste, joie, et échange de dons.
Le devoir de pratiquer la Tsedaka durant Pourim vient renforcer cette connexion, rappelant à notre communauté l'importance cruciale de la solidarité. En partageant nos bénédictions, en venant en aide aux démunis, et en veillant à ce que chacun puisse se joindre aux réjouissances, nous perpétuons le souvenir que la prise de conscience collective et l'engagement de chacun ont été déterminants pour assurer la survie et la libération de notre peuple dans l'épisode de Pourim.
La Tsedaka, en ce sens, devient un geste tangible de reconnaissance envers le Divin, soulignant que l'échappatoire du peuple juif aux desseins d'Haman n'a été possible que grâce à l'engagement d'Esther et de Mordechaï, et également grâce à la réaction unie du peuple, tant sur le plan individuel que collectif, tel qu'interprété dans le Talmud Shabbat.
« Les Yéhoudim ont accepté et pris sur eux... » faisant écho à un engagement renouvelé chaque année.
Ainsi, à travers l'action de Tsedaka, qui trouve sa place tout au long de l'année mais revêt une signification particulière à Pourim, nous nous assurons non seulement que tous puissent célébrer dans la dignité mais nous soulignons aussi la force de notre union face aux défis, rappelant la formidable inversion des circonstances que nous commémorons.
Pourim Saméah – Que ce Pourim soit empreint de joie et de générosité pour vous et vos proches.
Emmanuel Cassar
Directeur des études juives à l'AIU