Jacques Frémontier (1930-2020)
L’historien, romancier et journaliste Jacques Frémontier a été vaincu par le virus du COVID-19 le 7 avril. Le journal Livres-Hebdo retrace sa carrière.
Il faisait partie de cette génération d’enfants nés dans une famille juive (les Friedman, petits commerçants, cachés pendant la guerre), mais qui n’avaient aucune connaissance intime de la foi ou de la pratique juive. Il change son nom en 1970 pour devenir Jacques Frémontier, pour échapper à une ambiance dont il ressent l’antisémitisme latent.
Engagé dans la militance communiste, il choisit comme sujet de thèse à l’EHESS Les Juifs communistes en France depuis 1945 : essai d'histoire orale. Il utilise largement les services de la bibliothèque durant cette recherche, qui lui fait mener des dizaines d’entretiens avec des militants communistes issus pour la plupart du monde juif ashkénaze. Il accomplit alors un geste extraordinaire de générosité : en déposant un exemplaire de sa thèse à la bibliothèque de l’Alliance, il y joint l’intégralité des enregistrements sonores de ses entretiens, ainsi que les transcriptions écrites, pour les laisser à la disposition d’autres chercheurs. Tous ces documents seront disponibles à la bibliothèque de l’AIU au 1er août 2020. Nous aurions tellement aimé pouvoir fêter cet événement en compagnie de Jacques Frémontier.
Depuis 2018, il avait ouvert un blog, Octoscopie, dans lequel il partageait avec ses amis son regard toujours affuté sur la littérature et l’ensemble de la vie culturelle. On lit avec beaucoup de peine le sous-titre qu’il avait donné à cette nouvelle partie de son œuvre : « La vie commence à 88 ans ».