Nous avons appris mardi 14 juin le décès de Georges Weill, qui a longtemps dirigé la bibliothèque de l'Alliance. Eminent archiviste paléographe, ancien élève de l'Ecole des Chartes, conservateur général honoraire du patrimoine, les compétences professionnelles de Georges Weill étaient très largement reconnues dans le monde de l’administration française. Les nombreuses décorations qui lui ont été attribuées en font preuve (Chevalier de la Légion d’honneur en 1999, Chevalier du Mérite en 1990 et officier des Arts et Lettres en 1992).

Georges Weill a été un acteur prépondérant et toujours actif pour la reconnaissance, la conservation et la mise en valeur des archives juives en France. En témoignent les nombreuses sociétés savantes dont il a été membre, souvent fondateur, et parfois président. En 1963, avec Bernhard Blumenkranz et Gérard Nahon, il fonde la Commission française des archives juives, dont il assura le secrétariat jusqu’en 1975 et resta membre sa vie durant. Il présida la Société des études juives, de 1997 à 2000 et de 2004 à 2006. Il a joué un rôle éminent dans la Société pour l'histoire des israélites d'Alsace et de Lorraine (S.H.I.A.L.). Le nombre de ses publications savantes, dans des revues telles que La Revue des études juives, Archives juives ou encore Les Nouveaux Cahiers, et celui de ses contributions à des colloques internationaux est tout simplement vertigineux. Ses écrits rigoureux et informatifs sont devenus des classiques du genre, toujours utiles des années après leur publication.

Membre du Haut Conseil de l’Alliance, il a été le fondateur des Archives historiques de l'Alliance, depuis ses premières missions en 1957. Il avait alors entrepris de réorganiser entièrement les archives, à l'occasion du premier centenaire de l'AIU en 1960. Les nombreux chercheurs qui travaillent sur l’histoire de l’AIU bénéficient encore aujourd'hui de ce qu'il avait réalisé à l'époque. Il a dirigé pendant plus de 30 ans le service de la bibliothèque de l'AIU, jusqu’en 1989, et a accompli de nombreuses missions à l’étranger pour sauver et rapatrier les archives locales de l’Alliance. Quand le Président Ady Steg décide en 1985 de la création de la nouvelle bibliothèque, inaugurée en 1989, il peut s’appuyer sur les connaissances professionnelles et l’entregent de Georges Weill, spécialiste de la construction de bâtiments d’archives. Sans conteste le meilleur connaisseur de l’histoire de l’institution, il a contribué à nombre d’ouvrages collectifs, et nous laisse un indispensable recueil, Emancipation et progrès, l’Alliance israélite universelle et les droits de l’homme (Editions du Nadir, 2000).

Archiviste du Consistoire central israélite de France de 1967 à 1980, il s’est également illustré dans la sauvegarde des archives juives françaises par ses contributions au développement des archives d’institutions comme l’OSE, l’ORT et le CASIP-COJASOR. Son expertise était toujours autant appréciée, jusqu’à ses tous derniers jours. Il n’a jamais manqué de défendre auprès des dirigeants communautaires l’importance de la préservation des archives juives.

A son épouse Eva et à toute sa famille, nous adressons nos plus sincères condoléances.

Que sa mémoire soit source de bénédiction.

Jean-Claude Kuperminc, le 16 juin 2022